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ATLANTIQUE IDYLLE

à mi-voix dans l’odorant nuage des cigares.

En face de la cuisine, le maître-queux et son aide, blancs tous deux, les bras croisés sur la poitrine, regardent la mer dans l’attitude hautaine de Childe Harold.

Seul, le haut pont reste animé. Là se promène le galant captain au milieu de ses ladies, tandis que l’attentif timonier, les yeux rivés à la grande boussole, fait lentement tourner le volant cornu du gouvernail.

Cependant l’ombre s’épaissit et les premières étoiles s’allument au ciel.

La nuit s’éveille. Sortis de leurs tanières, les émigrants hument la délicieuse fraîcheur du soir ; femmes et jeunes filles sont assises sur les bâches et les rouleaux de câbles ; les hommes se tiennent debout, adossés au bastingage.

Tout ce monde est silencieux. Soudain, un harmonica hoquète une brève