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LES DEUX CROISIÈRES

en fines tranches avec la grosse lame de mon canif. Une révélation, ce chinois ! Il n’était pas pétrifié tout entier : le cœur gardait une crème délicieuse, bonifiée par l’âge ! Je le suçai avec extase, si bien que je retombai doucement sur mon boudin.

Et je fis un rêve magnifique : je dirigeais l’usine du père Gauria !

On comprend mieux maintenant pourquoi j’éprouvai tout de suite une grande sympathie pour le pâtissier du Pennland, qui ne fut pas long d’ailleurs à me payer de retour. J’étais un vrai palais de touche pour cet homme ; et puis, j’avais su le flatter par des éloges délicats. Il fut surtout très sensible à l’admiration que je lui marquais quand il s’essayait à la prononciation de certains mots français. Je l’assurais qu’il avait surpris l’accent véritable ; j’allai même jusqu’à prétendre, en dépit de ses petits haussements incrédules, qu’il parlerait français couramment à notre retour