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ATLANTIQUE IDYLLE

émigrants, ces étranges bêtes qui vivent au-dessous d’eux.

Des petits garçons font la roue sous leurs yeux, se renversent sur la tête ; des hommes s’approchent aussi de l’échelle et jouent de l’harmonica. Après une chanson, ils tendent leur chapeau râpé, et il arrive qu’on y jette une piécette pour la peine…

Dans les villes, dans les grandes agglomérations d’hommes, les riches et les pauvres passent, se coudoient sans que le contraste de leurs habits, de leur visage, excite la moindre surprise. Là, on n’a peut-être plus le temps de s’étonner de l’injustice de la terre : les opulents et les misérables vont, viennent, s’enfoncent, se mêlent dans la foule affairée ; le regard ne cherche point à les rassembler en des groupes précis et ne s’absorbe point d’ailleurs dans un spectacle dont l’accoutumance a depuis