je bondis au devant d’elle et m’emparant de sa petite cruche :
— Attendez, Mademoiselle ! j’irai chercher de l’eau pour vous.
Je cours au grand réservoir. Dans l’entretemps, la jeune émigrante, les mains sur le bordage, regarde cette mousseline radieuse qui couvre la mer. Je reviens auprès d’elle et, sans qu’elle se doute de ma présence, je la contemple longuement.
Elle tressaille quand je parle :
— Voici de la véritable eau de pluie, ménagez-la bien, Mademoiselle ; ici, c’est une chose très précieuse…
Elle reçoit la cruchette en souriant et fixe sur moi son regard gai et bleu. Elle hésite certainement à m’adresser la parole. Tout à coup, elle se sauve en disant :
— Danke schôn !
À ces mots, je deviens triste. Elle est Allemande ! Et je connais à peine quelques mots tudesques ! Adieu le doux