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ATLANTIQUE IDYLLE

surprise. Mais à ce moment la sirène poussa un long cri ; une subite et forte trépidation s’empara du navire. La machine s’était remise en marche. L’hélice gonflait l’eau, la battait à la neige. La jeune fille poussa une exclamation et se pencha gaiement pour voir le jeu des bouillons qui prenaient les froides et profondes teintes de l’aigue-marine. Parfois l’hélice s’élançait hors de la vague comme un marsouin, tournait au-dessus des flots pour s’y replonger après une violente secousse de dislocation dans tout le bâtiment.

La mer s’encolérait peu à peu et donnait de la tangue. Furieuse, elle jetait sur le pont des paquets d’écume qui s’éparpillaient en flocons fous. Dans le ciel galopaient de vilains nuages. Le vent, plein de sautes, et le roulis faisaient claquer la toile, tendaient et retendaient les boulines sous le sifflement des hauts cordages. De brusques coups de soleil faisaient des éclairs. Une terrible pluie