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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

ces jours derniers et l’allégresse rayonnante qui le transfigurait aujourd’hui. Il avait recouvré en l’espace de quelques heures la santé morale et physique, ce ton d’aimable badinage, cette verve de raillerie qui le distinguait naguère avant que la passion se fût jetée en travers de son existence.

Un flot de vie nouvelle avait noyé ses tristesses et j’en voyais passer le courant impétueux dans ses yeux.

Au fond, après m’être réjoui de cette résurrection, je devenais mécontent. Il ne me semblait pas raisonnable que l’on passât si vite du plus noir chagrin à une gaîté aussi expansive. Cela manquait un peu de décence.

Je me mis à critiquer les façons de Reynaud ; vraiment, sa galanterie envers la jeune fille était insistante, de mauvais ton. Ils riaient, ils babillaient tous deux et j’en éprouvais un véritable agacement. Ils eussent mieux fait de s’intéresser au jeu ; mais c’était le moindre de