Page:Courouble - Les Deux Croisières, 1928.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
LES DEUX CROISIÈRES

On le suivit longtemps des yeux dans un silence plein de mélancolique pitié…

Notre blanc paquebot s’en allait vers des contrées de joie tandis que le bateau noir cinglait à toute vapeur vers les sinistres rivages de déportation…

Là-bas, une chiourme enchaînée, hurlante. Ici, un bateau de fête qui faisait songer à cette ville suspendue dans les airs, dont parle Aristophane, cité moelleuse où la paresse est la loi et la volupté le devoir…

Mais on se lassa d’être ému et le babillage reprit avec entrain. Quant à moi, j’allais me mettre en quête de Reynaud lorsqu’il accourut à ma rencontre :

— Parbleu, s’écria-t-il d’une voix joyeuse, cette Mrs Clift est une maîtresse femme ! Regarde, la missionnairesse m’a transformé !