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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

mençait à me donner sur les nerfs. Je résolus de le secouer. J’expliquai à Mrs Clift, avec discrétion, que mon ami était en proie à un grand chagrin de cœur, que son état d’esprit allait en empirant et m’inquiétait fort.

J’intéressai ma voisine à ce désespéré : je lui dis qu’une femme réussirait peut-être là où je n’aboutissais à rien. N’avait-elle pas la pratique des caractères ? Ses paroles persuasives, cordiales, changeraient peut-être les idées noires du pauvre garçon ou le forceraient du moins à donner quelque relâche à sa tristesse.

Mrs Clift, naturellement généreuse, entra tout de suite dans mes vues. Ce rôle de consolatrice ne pouvait lui déplaire. Pleine de tact, elle s’interdit pour le moment de me demander plus de détails sur le cas de Reynaud et promit d’entreprendre la cure au sortir de table.

Elle tint parole. Comme je m’esquivais furtivement après le dessert, elle se