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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

nale des éléments. Il refusa de sucer une orange que je lui offrais avec sollicitude :

— Merci, soupira-t-il d’une voix caverneuse, je dors éveillé sans penser à rien. Il me semble que ma chair se dissout. Mon âme se dégage de ses liens terrestres. Je me sens bien comme dans un cercueil !

Je haussai les épaules :

— À ton aise, mon cher ! Moi, ce balancement me creuse : je pars à la conquête d’une tasse de thé.

Je sortis. Sans mentir, je mis près d’une heure à gagner l’office tant nous roulions, tanguions et « tire-bouchonnions » tout à la fois, sans miséricorde. J’étais renvoyé d’une cloison à l’autre ; je faisais un pas pour rétrograder de deux, si bien que je finis par me retourner pour voir si je n’avancerais pas mieux à reculons.

Il va de soi que je perdais souvent l’équilibre. Dans l’antichambre, je dus m’accrocher successivement à toutes les