Page:Courouble - Les Deux Croisières, 1928.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
LES DEUX CROISIÈRES

ture. Les manches à air fonctionnaient mal ; aussi régnait-il dans l’intérieur du navire une atmosphère grasse, écœurante, tout à fait favorable à la nausée.

Il n’était plus question de repas d’aucune sorte ; d’ailleurs, pendant la nuit, une lame avait balayé une partie de la cuisine !

Dans cet océan démonté, le Dungeness faisait à peine quelques nœuds. À Ouessant, que nous doublâmes seulement vers midi avec un demi-jour de retard, l’état de la mer était si terrible que la goélette de vigie n’osa s’aventurer au large pour reprendre le pilote qui nous avait conduits à travers la Manche, de sorte que ce brave homme fut contraint de nous accompagner jusqu’à Madère, notre première escale.

Reynaud ne s’était pas levé, non qu’il redoutât le mal de mer, mais parce qu’il éprouvait, disait-il, un bien-être inconnu à demeurer engourdi dans cette baccha-