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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

peines les baumes consolateurs, y compris celui d’une affectueuse ironie.

Je le raillais ; je lui donnais rendez-vous à l’an prochain ; je le retrouverais souriant, le front balayé de ses orages. J’assurais qu’il se fatiguerait de son rôle de désespéré, qu’il se déshabituerait de son mal. Je lui disais :

— L’amour ne se surmonte que par le dédain…

— Des mots, des mots ! répondait-il avec lassitude.

Un soir que j’étais parvenu à l’entraîner à l’Opéra, il me montra Mme de L… qui paradait dans sa loge avec une amie. Je la trouvai belle, mais pas autant qu’il s’y attendait. Elle était grande, blonde. Elle appartenait à cette bourgeoisie prétentieuse qui se donne des airs de noblesse. Ses gestes manquaient de naturel. Elle souriait sans grâce et comme en se retenant, car elle savait que sa bouche, un peu grande, s’élargissait encore dans le sourire. Pendant