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LES DEUX CROISIÈRES

mort de son père et peu de temps après son départ pour le Nouveau Monde, qu’il parcourut pendant une année entière sous prétexte d’études sociales. En effet, ses lettres, datées des principales villes des États-Unis, ressemblaient à du de Tocqueville !

Enfin, je rentrai au pays et ma surprise fut extrême de revoir un Reynaud que je n’avais jamais connu. Ce n’était plus lui ni au moral ni au physique. Son visage, autrefois chaudement coloré, avait pâli et maigri. Ses yeux ardents avaient éteint leurs regards ; sa bouche, si facile au sarcasme, restait close, cachée sous une épaisse moustache. L’ironie de son caractère s’était émoussée et puis fondue dans une sorte de tranquille mélancolie. Il était devenu silencieux, très grave.

J’attribuai une telle métamorphose à la mort de son père qu’il chérissait. En somme, cette révolution morale ne me déplaisait point ; elle fortifia mon