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VII


Ce Mardi gras, les Kaekebroeck et les Mosselman festoyaient dans un petit « cabaret » voisin de la Grand’Place afin de s’entraîner aux bacchanales du bal masqué.

Joseph et Ferdinand, cavaliers pleins d’élégance, avaient endossé le frac de cérémonie tandis qu’Adolphine et Thérèse s’étaient revêtues de dominos roses dont les capuchons tuyautés, rabattus sur le dos, découvraient leurs belles chevelures contrastées, ceintes d’un galon de soie pareil au strophium de la mode antique.

Très animés déjà par les vins et la bonne chère, les maris plaisantaient les deux femmes qui, bien que ravies de la partie fine, demeuraient quand même un peu intimidées sous leur déguisement, anxieuses à l’idée qu’elles allaient enfin connaître « le bal de la Monnaie », ce gala traditionnel et fameux où la gaîté, disait-on, frisait parfois le dévergondage, mais dont le brillant spectacle était un des rêves secrets de leur curiosité d’honnêtes femmes.

Ferdinand, surtout, prenait un malin plaisir à les tourmenter :

— Je ne sais, disait-il avec un grand sérieux,