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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Elle lui avait bien dit : « Veux-tu, nous étudierons ensemble ? » Mais tout de suite la répétition était interrompue, car rien ne les intéressait de ce qui n’était pas eux ; ils se noyaient dans les yeux l’un de l’autre et ce jour-là, comme tous les suivants du reste, ils ne lisaient pas plus avant dans les Institutes ou le Code Napoléon.

Un matin, pourtant, il s’avisa de l’interroger : pourquoi s’était-elle absentée pendant la première quinzaine de mai ? Comme il avait été anxieux à l’idée qu’une grave maladie la retenait peut-être alitée ! Mais il se trompait sans doute, puisqu’elle avait bientôt reparu, encore plus jolie et plus fraîche, s’il était possible.

Elle sembla légèrement troublée et répondit qu’elle avait dû se rendre à Sannois, en Seine-et-Oise, pour assister au mariage d’une ancienne amie de collège.

— C’était une partie de fête, dit-elle, et pourtant comme je regrettais de m’en aller en ce moment ! Car je t’aimais déjà et goûtais tant de plaisir à te rencontrer tous les matins…

Puis, avec un accent de profonde mélancolie :

— Du reste, il m’arrive assez fréquemment d’être mandée à Paris où nous avons de puissants protecteurs à ménager…

Il fut frappé en ce moment de la subite altération de ses traits. Mais déjà, elle souriait de nouveau et, prenant la tête du jeune homme entre ses mains, de ce geste qui lui était familier, elle répétait contre sa bouche, avec une exaltation concentrée, les yeux à demi chavirés :