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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

du « bloquage » intensif étant venue, il s’y rendait fréquemment avec ses cahiers, trouvant dans la lecture ou la méditation ambulatoire autour des parterres une aide à la pénétration des idées et des textes.

Michel montait parfois avec lui jusqu’à cette thébaïde ; mais c’était un compagnon plutôt turbulent, peu enclin à la rêverie et qui ne sentait pas la douceur de cette oasis de silence. Il raillait son ami de ses goûts bucoliques, insinuant qu’il devait relancer quelque governess sentimentale et ossianesque.

À la vérité, Hippolyte préférait encore la complète solitude ; outre qu’elle l’encourageait au travail, elle lui permettait d’évoquer, entre deux articles du code civil, la grâce énigmatique de l’étrangère. Le billet, que l’étudiante avait oublié par mégarde ou intercalé avec intention dans son précis de l’Histoire du droit, continuait de hanter son esprit et d’alimenter ses conjectures. Rien dans l’attitude de sa condisciple ne pouvait lui fournir la moindre indication à cet égard, bien qu’il lui parût cependant que la jeune fille ne lui témoignait plus cette confiance qui l’avait tant ému lors de leur première entrevue.

C’est ainsi qu’elle ne lui tendait pas la main en entrant dans la salle des cours non plus qu’en se retirant à la fin de la leçon. Elle se bornait à lui adresser une inclinaison de tête, un peu saccadée, qui n’était pas de la froideur mais qui, en somme, ne valait guère mieux qu’un salut