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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

sent parfois sur les deux jeunes gens un regard amusé et tout à fait bienveillant…

Ils parlèrent de l’Angleterre, de la France, se contèrent leurs sensations, leurs petites souffrances d’exil, surpris l’un et l’autre qu’elles fussent souvent pareilles.

Elle le trouvait aimable, très intéressant, sans aucune espèce de pose ni de pédanterie ; la douceur et la netteté de son élocution charmaient son oreille. Et puis, il était gai d’une gaîté discrète, sentimentale, qu’elle n’avait encore rencontrée chez aucun garçon de son âge. C’était vraiment un good fellow.

Pour lui, il était frappé de sa vive intelligence encore plus que des attraits de sa personne ; la tournure originale de son esprit, son petit air décidé le séduisaient beaucoup, en même temps qu’il s’étonnait de découvrir en elle tout un ensemble de précieuses qualités et de nobles aspirations, qui ne s’extériorisent pas d’habitude, ne s’épanouissent pas si vite chez une pensionnaire.

Sa mélancolie de tout à l’heure s’était complètement dissipée. L’image de l’étrangère se faisait moins dominatrice ; il ne la voyait plus que par moments, d’une façon affaiblie et lointaine, comme au travers d’un voile ; elle n’avait plus le pouvoir de le distraire de sa curiosité sympathique à l’égard d’une nouvelle et gracieuse figure.

Aussi, à l’heure du départ, eut-il une légère déception quand la jeune fille lui dit avec un peu de gravité :