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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

triels, de fonctionnaires, d’hommes de loi et de lettres, d’officiers, de docteurs, voire de rapins. Parfois, au milieu de ces citadins autochtones ou déracinés, apparaissaient quelques francs provinciaux, une famille de Lodelinsart ou de Godarville en vacances, un vieux mayeur, un gros notaire de Morlanwelz ou de Boussu, tous ces gens plus ou moins cousins des amphytrions, à la mode wallonne, et dont la langue appuyée, les idiotismes régionaux détonnaient joyeusement dans les conversations.

Le dîner d’aujourd’hui ne réunissait qu’une douzaine de personnes, ce qui formait une bien petite table pour le « quai ». Mais, comme de coutume, les convives y étaient agréablement divers et les maîtres du logis pleins de jovialité et de bonne franquette.

Ce fut ce soir-là que le jeune Platbrood fit la connaissance de Mlle Lauwers dont il avait si souvent entendu parler sans l’avoir jamais rencontrée.

— Tiens, l’Anglaise, dit Michel avec cette rudesse dont les frères usent volontiers avec leurs sœurs, voici le Français annoncé dans mes lettres. On vous a placés à côté l’un de l’autre. Entendez-vous… cordialement, hein ?

À première vue, la demoiselle lui parut d’aspect assez agréable mais sans plus. Il est vrai qu’il était distrait, visiblement préoccupé pour le moment par la solution d’une étrange énigme. Ne venait-il pas de découvrir dans l’un des cahiers que lui avait tantôt renvoyés la belle