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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

arrivait d’avoir des absences, d’oublier la leçon du professeur.

De fait, la gravité et la froideur de cette inconnue impressionnaient beaucoup le jeune homme, bien que l’ami Lauwers affirmât en riant que leur belle condisciple posait parfois sur son studieux voisin appliqué à ses notes, un regard qui n’était chargé d’aucune sévérité :

— Elle te gobe, disait-il un peu brutalement. À ta place, je me méfierais. Qui sait, c’est peut-être une nihiliste…

Quoi qu’il fît pour échapper à l’obsession de ce voisinage, Hippolyte était vivement intrigué et déjà il se posait à l’égard de l’étrangère une foule de questions auxquelles il s’irritait presque de ne pouvoir donner une réponse dont il se contentât.

Et d’abord, quel était son nom ? Personne qui le sût exactement. Un appariteur avait bien déclaré un jour qu’elle s’appelait Harnowska, mais en ajoutant qu’il croyait savoir que c’était seulement le nom de sa mère, une dame veuve ou divorcée à ce que l’on disait. En fait, on ignorait tout de sa vie privée.

Où habitait-elle ? Rien de plus aisé à connaître : il eût suffi de la suivre. Mais un tel filage répugnait à la nature du jeune homme comme une indélicatesse.

Pourquoi suivait-elle les cours de la candidature en droit ? C’était la première année qu’on la voyait à l’Université ; avait-elle pris ses degrés de philosophie à Liège, à Gand ou à Louvain ?