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IV


Or, il advint cette année-là qu’une grande jeune fille, vêtue avec une élégante simplicité, s’assit un beau matin sur les bancs de la Candidature en droit.

L’ovale allongé du visage, le nez d’une coupe classique, les sourcils épais et veloutés, les grands yeux noirs un peu bridés, le teint mat légèrement échauffé aux pommettes, tout révélait chez elle une origine étrangère.

D’où venait-elle ? On ne savait au juste ; son accent eût été une indication, mais nul étudiant ne pouvait encore se flatter d’avoir entendu le son de sa voix. C’était une personne fort réservée et qui ne souriait jamais. Hippolyte, auprès de qui elle prenait place d’habitude, pensait qu’elle était sûrement échappée d’un roman russe.

Il la saluait avec une courtoisie qui se donnait l’air d’être indifférente et comme réflexe ; d’ordinaire, il avait déjà détourné la tête avant qu’elle eût fait un lent baissement de paupières, ce qui était sa manière discrète et hautaine de répondre aux politesses. Toutefois, et sans qu’il en voulût convenir, la présence de la jeune fille ne laissait pas que de le troubler un peu. Il lui