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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

qui atténuait chez les plus délicats l’horreur de respirer en commun les effluves nocturnes de la chambrée.

Le plus dur, ce fut, au début du terme — pendant les vacances universitaires — l’inaction forcée à la caserne lorsque le mauvais temps empêchait les recrues de se transporter sur la plaine d’exercices. Rien de déprimant comme cette flâne immobile dans la chambrée ou les longs corridors sombres. Mais, en octobre, dès la reprise des cours, les soldats étudiants jouirent de sérieux avantages. C’est ainsi qu’Hippolyte arrivait à la maison vers 7 heures du matin, ce qui lui permettait de prendre son tub et de déjeuner avant de se rendre à l’Université.

Déjà Mme Platbrood était levée pour le recevoir et le major, moins empressé sinon moins satisfait, entendait de sa chambre le claquement des gros baisers qui s’échangeaient entre la maman et le soldat dans le sonore vestibule ainsi que la fanfare de Colette saluant son jeune maître d’une voix de clairon enroué.

Puis c’était le départ pour l’Université, le retour vers 10 ou 11 heures, excellents prétextes à nouvelles embrassades. Après quoi, on déjeunait en famille. Sauf un ou deux après-midi par semaine consacrés aux exercices réglementaires, le jeune homme pouvait travailler chez lui, sortir ou se distraire à son gré jusqu’au soir. Au surplus, il avait le droit, le samedi, de coucher dans son lit douillet où sa mère ne manquait pas de venir le border comme au temps jadis.