— Pourquoi que t’es déguisé en militaire ?
Elle lui tenait les joues pincées entre ses menottes :
— Hé, j’ai mal, tu sais !
Mais elle pinçait plus fort, toute sa mignonne figure de noiraude crispée de frénésie aimante et montrant ses petites dents rageuses. Thérèse dut intervenir :
— Allons, vilaine fille, veux-tu cesser ?
Elle se décida à lâcher prise. Soudain, voyant les marques blanches de ses pinçons sur les joues du jeune homme, elle fut saisie de violents remords et couvrit les places endolories de baisers éperdus :
— Pardon, mon petit parrain, criait-elle avec des larmes, je ne le ferai plus !
— C’est guéri et pardonné ! faisait le soldat en l’étreignant de tout son cœur.
Et pour l’en convaincre, il tira d’une des basques de sa tunique un petit paquet entouré d’une faveur rose.
— Quoi c’est ? dit-elle intriguée et frémissante.
Elle eut tôt fait de déballer l’objet et découvrit au fond d’une boîte ce joli bracelet d’argent qui la tentait si fort à la vitrine de Joostens, le petit bijoutier de la rue Sainte-Catherine.
Elle s’en para sur-le-champ, toute rouge de plaisir.
— Tu ne cesseras donc jamais de la gâter, fit Thérèse avec un accent de doux reproche. Eh bien, Mademoiselle, qu’est-ce qu’on dit maintenant ?