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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Elle s’était remise à coudre et répliquait gentiment aux taquineries du soldat quand on entendit un brouhaha dans l’escalier, comme une montée à l’assaut.

— Mais les voilà ! s’écria joyeusement Thérèse. C’est vrai, il est presque 6 heures.

— Attendez, dit le jeune homme, je veux leur faire une petite niche…

Et prestement, il alla se blottir derrière le piano.

Thérèse avait à peine ouvert la porte qu’un flot de gosses s’élançait dans la chambre pour se suspendre au cou et aux bras de la jeune femme. Elle demeura un moment comme paralysée et tout étourdie sous une averse de baisers. Puis, s’étant dégagée non sans peine :

— Mais vous êtes en nage, mes enfants ! Allez vite vous changer !

Tandis qu’ils se retiraient en désordre, elle interrogeait la bonne :

— J’espère qu’ils ont été bien sages ?

— Oui, oui, affirma la jeune fille, excepté que la petite a encore une fois…

Mais la brunette aux yeux noirs rentra tout à coup dans la pièce pour interrompre un rapport qu’elle prévoyait empreint de mensonge ou d’inexactitude tout au moins :

— Élisa ne peut pas dire ! Elle n’a rien vu. Oui, j’ai donné une bonne tape au petit garçon très méchant, parce qu’il frappait mon ours Martin !