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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Et vous ne craignez pas, dit-il en jouant l’air farouche, vous ne craignez pas que le petit garçon ne retrouve sa flamme d’autrefois ?

— Oh ben, soupira-t-elle avec un calme apparent, je suis très tranquille. Le petit garçon est devenu raisonnable et quant à la dame, c’est maintenant une grosse dondon très respectable…

— Hé, c’est ce qui vous trompe ! s’écria-t-il avec chaleur. Je ne la vois pas du tout comme ça, moi ! Jamais je ne consentirai à lui rendre des devoirs, mais des hommages, oh toujours !

— Tu as tort. Allons, regarde-moi, je suis une tour à présent !

— Justement, c’est au pied des tours que les chevaliers soupirent leurs déclarations !

En même temps il se précipitait à ses genoux et l’implorait d’un regard tout rempli de joyeuse tendresse.

— Voyons, dit-elle un peu décontenancée par ce geste prompt, voyons relève-toi, espèce de fou ! Et puis, tu sais, je ne t’aime plus quand tu commences…

Il souriait montrant ses belles dents blanches :

— Mais je ne commence pas, je continue à aimer ma dame. Dites, Madame Thérèse, mon bouquet vaut bien un baiser sans doute… Je demande un baiser, je veux un baiser !

Et il tendait les bras d’un air de supplication comique. Elle n’eût pu dire si elle était plus ennuyée qu’attendrie.

— Allons, veux-tu te relever, méchant garçon ! Si Julie entrait maintenant !