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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Eh bien, assieds-toi. Je vais vite chercher de l’eau pour les belles roses qui ont soif…

Elle disparut un instant et revint avec un broc dont elle versa le contenu dans une grande flûte de cristal posée sur le piano.

Alors, dénouant la botte de Gloires de Dijon, elle l’ajusta coquettement dans le porte-bouquet en même temps qu’elle parlait avec volubilité :

— En voilà une surprise ! Je ne savais pas… Tout de même, cette Adolphine qui ne me dit rien ! Oh, ce n’est pas permis. Quand donc es-tu entré à la caserne ? Et comment cela va-t-il ? Hein, c’est dur les commencements ? Et la maman, elle n’est pas trop triste ?

Elle s’étourdissait de questions pressées pour donner le change sur son émotion ; car malgré tout, elle ne pouvait se défendre d’une certaine contrainte en face de ce beau garçon qui l’avait adorée sans espoir.

Il souriait, secrètement amusé de sa gêne qu’il voyait bien, mais un peu ému à son tour de la trouver si involontairement provocante dans ses atours révélateurs.

— Mais oui, dit-il, j’ai été incorporé, le 1er août, dans le bataillon universitaire. Ah ! le Petit-Château n’est pas un Palace, mais il ne faut pas être douillet. Je m’y ferai… Et puis, quand on a été au lycée…

Il expliqua qu’il était libre tous les jours, de 5 heures à 10 heures, et que le samedi il avait congé jusqu’au lendemain à minuit.