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XX


Elle s’était enfuie dans sa chambre pour étouffer ses sanglots. Longtemps, elle s’attarda à sa toilette de nuit tant elle redoutait l’insomnie. Enfin, elle se coucha. Mais le sommeil ne voulait pas appesantir ses paupières. Elle restait éveillée, se tourmentant sur son oreiller. Le baiser d’Hippolyte brûlait encore ses lèvres. La fièvre s’emparait d’elle ; un feu courait dans ses veines…

Elle songeait : le pauvre enfant sevré d’amour ! Et s’il était vrai qu’ils ne dussent jamais se revoir ! S’il était vrai que la guerre… Oh alors quels seraient ses remords de n’avoir pas donné cet instant d’ivresse au brave soldat, qui avait interposé sa poitrine devant ses chers petits !

Et puis, un attendrissement lui venait de ce qu’il s’était résigné et n’avait point voulu lui faire violence. Elle balbutiait des mots de tendresse…

Et si d’aimer sans espoir, il défiait la mort dans les rudes combats de l’avenir ? Si « le petit Werther », comme on le nommait jadis, mourait du refus d’une autre et inflexible Charlotte !…

Cependant, une pensée plus grave l’effleurait à présent, confuse encore mais qui se précisait