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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Éperdue, elle se récriait à présent :

— Laisse-moi rentrer, je t’en supplie ! C’est mal, oh c’est mal ce que nous faisons !

Devant cette révolte, il renonça à la presser davantage et déliant son bras il consentit à rebrousser chemin. Cela servait d’ailleurs son idée.

Depuis longtemps, la digue avait éteint ses lampes à arc ; seules, les fenêtres de quelques villas demeuraient encore éclairées d’une lueur tranquille, tamisée par les rideaux. Tout s’endormait dans la nuit paisible.

Et parfois, on entendait une sorte de chant dans le haut du ciel sombre, un pépiement très doux d’abord et qui peu à peu s’aiguisait, s’intensifiait pour de nouveau s’adoucir et puis s’éteindre tout à fait. C’étaient des oiseaux migrateurs fuyant ces rivages vers le pays bleu…

Ils marchaient sur le sable fin, sans plus se parler, émus du désarroi de leur cœur, impressionnés par le silence que berçaient les soupirs de la mer alanguie. Mais au pied d’un brise-lames, ils durent reculer, prendre du champ pour franchir l’obstacle de maçonnerie. Alors Hippolyte ressaisit le bras de la jeune femme afin de l’aider et, alertement, avec gaîté presque, ils escaladèrent le gros dos de briques.

Une fois de l’autre côté du mur, elle voulut se reprendre :

— Laisse-moi, dis… Si l’on nous voyait maintenant !

Mais il resserra son étreinte :