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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

toujours plus loin de tous ceux qu’il aimait.

Cependant, Thérèse venait de rentrer dans la salle à manger :

— Qu’en penses-tu, dit-elle avec un peu d’hésitation, on pourrait peut-être faire un petit tour si tu n’es pas trop fatigué…

Elle était si heureuse à la pensée de l’avoir à présent tout à elle, de pouvoir le distraire, de dissiper la pesante mélancolie de son cœur.

Il la regardait, charmé de nouveau, comme cet après-midi sur la plage, éprouvant une joie de sa présence, de sa douce figure, de sa voix, délicieusement remué dans ses fibres secrètes par ce que le fichu Marie-Antoinette montrait de son cou et de cette gorge à la fois voluptueuse et chaste qui tendait l’étoffe du corsage.

— Fatigué ! s’écria-t-il en se relevant avec vivacité. Un petit tour ! Non, non, le tour du monde si l’on veut !

Et, baissant un peu la voix :

— Oh, certainement que nous allons nous promener et longtemps, très longtemps… Voici l’heure que j’attendais avec le plus d’impatience. J’ai tant de choses à vous dire, Madame Thérèse… Partons !

Le ciel était profond, magnifique et ils s’en allaient dans la nuit tiède, sous les yeux d’or des étoiles. Quelques personnes s’attardaient encore sur la digue.