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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Et tous les quatre, ils se regardaient maintenant avec gêne, tandis que le jeune homme rejoignait vivement Vonette qui l’attendait là-bas en parfaite obéissance…

Le dîner fut charmant au milieu de ces têtes brunes et blondes qui évoquaient chez le soldat les douces fêtes de la maison paternelle. La nappe enlevée, il joua sous la lampe avec les enfants. Mais ceux-ci, assommés par le grand air, n’abusèrent pas longtemps de sa gentillesse à les amuser. Bientôt, leur attention faiblit. Ils tombaient de sommeil. Vonette elle-même, malgré ses efforts pour veiller, bâillait en dedans et s’endormait sur les genoux d’Hippolyte.

— Maintenant c’est bien, fit Thérèse. Dites gentiment bonsoir, et hioup, dans votre lit !

Et ce furent de bons gros baisers. Vonette, bien entendu, voulut embrasser son parrain la dernière :

— À demain ! dit-elle en fixant sur lui un regard plein de sable. Car tu ne t’en vas pas encore, n’est-ce pas, mon petit parrain ?

À cette tendre supplication, une tristesse passa dans les yeux du jeune homme. Il fit effort pour mentir :

— Mais bien sûr que non, ma chérie !

Et, demeuré seul, il songeait que demain, à cette heure, il s’en irait par les routes, bien loin,