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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

L’uniforme d’Hippolyte excita tout de suite une grande curiosité chez les uns, un vif intérêt chez les autres, si bien que le jeune homme était à tout moment abordé, surtout par des dames qui s’informaient de son régiment et des jeunes soldats de leur parenté ou de leur connaissance, qui servaient sans doute avec lui. À sa capote fatiguée et déteinte, à la mise déjetée de l’enfant qu’il menait par la main, on le prenait pour quelque pauvre gas du pays, un fils de pêcheur venu pour embrasser ses parents. Il s’amusait intérieurement de la familiarité avec laquelle on lui adressait la parole et répondait à tout le monde avec bonne grâce, sans nulle affectation, sans chercher à détromper personne sur son compte. Car il n’avait pas la moindre vanité.

Cependant Vonette, fâchée de ces interviews successives, l’entraînait maintenant vers les courts de tennis au bout de la plage, où le sable encore légèrement humide offre une piste plus résistante. Soudain, une balle blanche égarée tomba à côté d’eux. Au même instant, le joueur maladroit, sa raquette glissée sous l’aisselle, posa la main en cornet sur sa bouche :

— Hé l’ami, renvoie donc la balle !

Hippolyte eut un haut-le-corps. Est-ce à lui qu’on s’adressait de la sorte ? Mais non, c’était impossible. Il allait poursuivre son chemin, quand de nouveau :

— Eh bien, l’empoté, ramasse donc la balle, sacrebleu !