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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Ses quatre enfants l’occupaient beaucoup, sans compter que depuis la mort du bon Jérôme, elle aidait son mari dans la corderie. C’est elle qui vérifiait la comptabilité et recevait parfois les clients. Sans être injuste à son égard, Ferdinand ne se rendait peut-être pas bien compte des grandes qualités de Thérèse ; il la délaissait quelquefois pour courir à de petites œuvres perverses, persuadé d’ailleurs que les remords qu’il rapportait à sa femme étaient le plus délicat hommage qu’il pût lui faire. Un indulgent moraliste ne l’a-t-il pas dit : « Celle à qui l’on revient toujours connaît la plus douce des flatteries… »

Par un brûlant après-midi du mois d’août, Thérèse, réfugiée dans le frais salon de la corderie, s’occupait à des travaux d’aiguille en prévision d’un prochain séjour à Blankenberghe avec ses enfants. Que de boutons à recoudre aux culottes de « Georgke » et de « Léion », les blonds jumeaux, toujours aussi empotés et poltrons malgré leurs huit ans ! Combien de chemisettes et de jupons à ourler pour Cécile, qui courait aujourd’hui sur ses six ans, et pour cette mominette d’Yvonne, la petite dernière, à peine vieille de quatre ans et déjà raisonneuse et raisonnante, indomptée comme une suffragette !