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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

figure, coiffée d’un bavolet d’une blancheur naïvement sale, semblait être devenue encore plus volontaire avec ses grands yeux vifs, bien fendus, et sa petite bouche décidée.

— Allons, toujours la même… Tu ne sais jamais ce que tu veux.

Mais ce reproche n’émut pas la fillette dont les yeux s’agrandirent davantage et se prirent à rêver dans le ciel tandis qu’elle pianotait ses dents comme un mignon clavier.

Thérèse s’était remise à coudre en continuant son doux sermonnage :

— Tu n’es jamais contente. Oh, Cécile est cent fois plus raisonnable que toi… Regarde, elle joue bien gentiment comme les autres petites filles et ne réclame jamais. Pourquoi ne pas faire comme elle ? Voyons, as-tu à te plaindre de tes frères ? Vous vous êtes encore une fois chamaillés, je suis sûre…

Vonette n’entendait pas cette affectueuse gronderie et suivait toujours sa pensée :

— Mais tu n’écoutes pas !

Et les poings sur son ouvrage interrompu, Thérèse, très surprise, regardait la petite fille. Alors, Vonette lui passa le bras autour du cou d’un geste brusque et câlin :

— Non, maman, dit-elle, je ne suis pas une méchante, une difficile… Mais il me semble que j’ai tant de chagrin !

La jeune femme se méprit à cet aveu : sans doute, l’enfant regrettait le départ de son père :