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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

timbrée de Wavre-Sainte-Catherine, datait du mois de septembre. Où était-il à présent ? Avait-il pu s’échapper après la capitulation d’Anvers ? Elle ne savait plus rien de lui. La veille, les journaux lui avaient appris que ce qui restait de l’armée belge se repliait sur la côte. En effet, quelques fragments de compagnies étaient déjà arrivés non loin d’Ostende, qui avaient effrayé la Reine des Plages et provoqué la fermeture immédiate de tous les grands hôtels, ces troupiers éreintés étant indésirables. Est-ce que le cher garçon se trouvait parmi les pauvres soldats en retraite ? Elle frémissait de nouveau au souvenir des sanglants combats dans l’intervalle des forts. Hippolyte était-il encore debout ? À cette question, une affreuse transe engourdissait son cœur.

Elle avait repris son ouvrage et, refoulant son émotion, s’absorbait dans l’ajustement d’une manchette quand la petite Yvonne la rejoignit, balançant un seau et une pelle de bois dans ses mains.

— Eh bien, Vonette, qu’est-ce qu’il y a ? Tu es déjà fatiguée ?

L’enfant secoua la tête :

— Non, dit-elle en laissant tomber ses jouets bariolés, mais ça m’ennuie de m’amuser…

Elle avait grandi et courait sur ses sept ans. Sa robe, très ancienne, lui tombait à mi-cuisses découvrant des genoux musclés, de jolies jambes brunes toutes parsemées de griffades et couvertes d’une chapelure de coquillages. Sous le hâle, sa