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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Cependant, elle parut un peu soulagée lorsqu’un soir Joseph annonça l’intention d’aller rejoindre Hippolyte et de s’assurer par lui-même de la santé du garçon.

C’était toute une expédition qu’il méditait depuis quelque temps et pour laquelle il s’était déjà entraîné au footing sur les boulevards, comme un coureur du Karreveld. Car il s’agissait d’abord d’atteindre Anvers non par le nord, mais par l’ouest, c’est-à-dire en prenant la route de Gand et puis d’errer dans les enceintes de la citadelle à la recherche du 9e de ligne qui se déplaçait probablement chaque jour.

Comme les tramways vicinaux et les carrioles se faisaient de plus en plus rares, on se rendait compte des fatigues d’un tel voyage pédestre et de toutes les difficultés qui attendaient le chemineau improvisé dans une région sans cesse traversée par les troupes ennemies. N’importe, Joseph était décidé à tenter l’aventure d’autant plus qu’il ne lui déplaisait pas d’échapper pour quelques jours à la vue déprimante de ces Allemands maudits. Pierre Dujardin, que les affaires ne retenaient pas à Bruxelles comme François Cappellemans et à qui pesait son désœuvrement de rentier, avait offert de l’accompagner. Mais Joseph le refusa aimablement dans la crainte d’être retardé par un compagnon peu entraîné à la marche et qui pouvait gêner son initiative. Il préférait être seul, n’avoir à compter qu’avec et sur lui-même.

Sans doute, Adolphine s’était d’abord opposée