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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

apparaissait comme une mesure destinée à tourner un jour ou l’autre à la confusion de l’ennemi.

— Vous verrez, disait-il, comme il y aura des enfants l’année prochaine… Hé ça se comprend… Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse quand on est forcé de rentrer si tôt à la maison…

Car il ne lui était pas possible d’envisager l’amour conjugal autrement que comme un pis aller, une manière de tuer le temps. D’ailleurs, il s’empressait d’ajouter avec son clin d’œil égrillard :

— Oui, mais pas avec Malvina, savez-vous !

Il avouait carrément que sa femme ne l’avait jamais autant exaspéré. Quelle pie-grièche ! Ne voulait-elle pas maintenant s’en aller, elle aussi, habiter un château en Angleterre ! Bon voyage. Le malheur c’est qu’elle ne prétendait pas partir sans lui. Alors, merci bien. Il en prenait Joseph pour juge : est-ce que c’était le moment de filer quand les petites femmes étaient si nombreuses à Bruxelles et à si bon compte ?

Cette considération le maintenait dans une philosophie sereine, exempte de haine vigoureuse à l’égard des envahisseurs qui n’exerçaient tout au plus que sa moquerie et ses quolibets de vieux Bruxellois. Par exemple, il ne pouvait s’empêcher de fulminer contre ces « garces » qui n’attendaient pas qu’on les violât et s’offraient d’elles-mêmes au stupre des barbares ; mais ce n’était peut-être de sa part que la crainte de succéder trop vite aux « boches » dans leurs bonnes grâces et d’en pâtir…