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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

foudroyante avait alité le jour même de la mobilisation. Quelle désolante comédie il jouait depuis le mois d’août et dont personne n’était la dupe !

Joseph le châtiait par avance :

— Comme je plains ce pleutre et tous ceux qui, ainsi que lui, auront préféré un lâche repos ! Ils finiront bien par se détester eux-mêmes. Ils porteront sur la poitrine un écriteau de pilori et toute la vie, le dégoût les montrera du doigt !

Mais c’était l’exception, en somme ; combien d’exemples de ces braves cœurs de vingt ans, superbes de bravoure, pour qui la « patrie » n’était pas une vaine idole et qui avaient volé à son secours !

Et l’on citait le cas du petit Leemans, le fils du marchand de fer, un enfant de quatorze ans à peine, qui s’était enfui un beau matin de la maison paternelle pour aller rejoindre le grand frère au front. Comme il pleurait quand on l’avait ramené !

— Je l’ai vu, s’écriait Adolphine ; il ne sait pas se consoler. Ça est sûr qu’il filera de nouveau. Ah le brave petit !

Du reste, il n’était pas le seul : une grande effervescence régnait parmi la gosserie belge depuis qu’on savait que le prince Léopold suppliait son père de lui permettre de s’engager. Tous les gamins voulaient partir, se ranger autour de lui. Quel élan superbe ! Quelle leçon pour les « grands lâches » qui demeuraient ici à se pava-