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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

santé de leurs fils, qui ne se vantaient plus ! À les entendre à présent, ceux-ci étaient tout à coup devenus de pauvres êtres débiles, presque rachitiques pour un peu…

C’était le cas de la veuve Verriest dont les trois fils, si vigoureux il y a encore quelques mois, étaient tombés dans un tel état de langueur qu’il avait fallu leur faire changer d’air. Il est vrai que Mme Verriest était une femme très énergique qui ne se laissait pas intimider par nos Prussiens. Elle les bravait avec insolence dans tous les tramways, marchait sur leurs pieds, se vantait même d’aller les relancer jusqu’à la commandantur où l’amenait à chaque instant quelque petite affaire de passeport ou de permis.

— Oh, c’est plus fort que moi, disait-elle, je dois leur faire voir combien je les déteste !

Elle oubliait qu’elle manquait de tact et qu’il ne lui était pas permis de les haïr à ce point tant que ses trois dadais de fils ne seraient pas au front.

D’autres jeunes gens, qui se faisaient remarquer par leur haute taille, étaient soudain retournés à l’enfance. Leurs mamans les avaient remis en culottes ! Et, ils allaient ainsi, les mollets nus et velus, comme des niquedouilles échappés d’une farce de la foire…

Oui, il fallait l’avouer : il y avait nombre de conscrits qui s’étaient dérobés à leur devoir, tel celui-ci et celui-là et cet autre, le fils du riche industriel de la rue Gillon, qu’une appendicite