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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

controverses en interposant entre les adversaires son arbitrage de calme et robuste patriote.

Mais on ne disputait pas toujours ; tout le monde se retrouvait d’accord dans la haine vigoureuse qu’inspirait l’usurpateur, et l’ironie, le haussement d’épaules avec lequel on accueillait les placards de sa commandantur. Que d’anecdotes sur ces traîneurs de sabre qui, dans leur stupide orgueil, pensaient « épater » les Bruxellois quand ils n’excitaient que leur mépris ou leur « zwanze » ! Les uns faisaient sourire, d’autres indignaient. Hélas, combien aussi qui torturaient !

Il n’y avait pas de jour qu’Adolphine ne rapportât son histoire de tramway. Car les voitures publiques étaient fertiles en scènes de tous genres et c’est là surtout que les dames bruxelloises savaient confondre, par leur indifférence, la grossièreté, la morgue ou la mielleuse politesse des teutons exécrés.

De fait, la fatuité des soudards y recevait journellement des leçons dont leur stupidité massive, carrée par la base et le sommet, ne leur permettait pas de profiter.

Quels étaient maintenant ces nouveaux soldats vêtus de gris clair et coiffés d’un shako, qui venaient tout à coup de se répandre dans la ville ?…