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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

sang-froid, la bravoure d’Hippolyte ! Car Michel n’eût-il pas infailliblement succombé sans le dévouement de son ami ? Alors, tout attendrie, Mme Platbrood ne songeait plus qu’au blessé et se faisait de nouveau raconter comment le brave soldat avait été transporté dans une ambulance de Gand pour être ensuite embarqué à Ostende sur un bateau-hôpital dès que l’ennemi avait paru menacer les Flandres. Et tout le monde se réjouissait d’apprendre qu’après de bien mauvais jours, le jeune homme se remettait enfin de sa terrible blessure, grâce surtout aux soins de sa sœur qui, enrôlée dans la Croix Rouge anglaise avec son amie Eva Jennings, était accourue immédiatement auprès de lui à Folkestone.

Adolphine n’en revenait pas de cet heureux hasard :

— Mais, ça est une chance, s’exclamait-elle, que Mlle Suzanne était justement en Angleterre !

— Oeie oui, faisait la douce Pauline qui n’était qu’un écho, oeie oui, ça est une chance !

Tandis que Hermance, penchée sur son ouvrage, relevait sa jolie tête grave :

— Oh maintenant, il ne faut plus douter d’une rapide guérison. Mlle Suzanne doit être la plus tendre des nurses

Et, tout en lissant un ourlet sur son genou, elle songeait à l’amour malheureux de son frère, imaginant ce roman d’Hippolyte blessé, soigné par la belle et vaillante jeune fille qui, tout de suite, lui donnait son cœur…