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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

trouver un refuge dans l’étude pour échapper au chagrin, volait sans cesse vers ces jeunes hommes qui défendaient la patrie.

D’ailleurs, il était fort occupé par les œuvres de bienfaisance instituées pour venir en aide à nos blessés et aux victimes de la guerre. Sa contribution charitable ne se bornait pas à des secours d’argent : il entendait payer de sa personne, visitait les malheureux, faisait de la propagande, hardi à pénétrer chez les gens, à forcer la porte des plus « retrains » auxquels sa gentille éloquence finissait toujours par arracher quelque aumône.

Toute la famille s’empressait à l’aider dans cette tâche philanthropique. Personne qui demeurât inactif ; Cappellemans et Dujardin, indépendamment de leur concours à l’œuvre de l’Alimentation, avaient pris du service dans la garde bourgeoise. Quant aux trois sœurs, revêtues du costume de la ménagère, elles faisaient la soupe dans un des réfectoires du Marché-aux-Grains. Leur talent de cuisinière, leur bonne grâce, la familiarité cordiale de leurs manières avec ces pauvres femmes et ces petits qui venaient tendre leurs pots hétéroclites à la louche de la fraternité, les avaient tout de suite rendues populaires dans le Papenvest.

Quelle différence avec ces restaurants de pauvres honteux établis dans certains quartiers riches, où les dames du comité se promenaient à travers les tables en décolleté et la cigarette aux lèvres — comme Joseph l’avait vu de ses yeux —