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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

vaient dans l’agréable demeure le confort de la civilisation, la sollicitude d’hôtes généreux et charmants, des repas très simples mais qui leur paraissent d’autant plus succulents qu’ils étaient servis sur une nappe à la blancheur flamande. Et puis, quelle joie de reposer dans un vrai lit ! Ils goûtèrent là quelques heures délicieuses, promenant leur flâne dans les allées du beau parc ensauvagé où vaguait l’odeur citronnée des derniers seringuas, aidant le jardinier à cueillir les fruits hâtifs, à faucher le regain, s’intéressant surtout aux soins que la gentille demoiselle des châtelains et sa femme de chambre — une jeune soubrette leste et délurée, qui avait de la Lisette ou de la Marton avec son joli bonnet, son tablier à poche et son poing sur la hanche — donnaient à la basse-cour peuplée d’une multitude de volatiles sur quoi régnaient orgueilleusement de superbes paons rouant dans le soleil…

Et puis, brusquement, une alerte les enleva aux douceurs de cet Eden, les fit courir à Aerschot où bientôt s’engageait une sanglante bataille. C’est là que le 9e de ligne, déjà si réduit après l’affaire de Liège, perdit la moitié de son effectif dans une lutte héroïque, échangeant sa vie contre la gloire…

Envoyé à près d’un kilomètre en avant des lignes pour occuper une des fermes éparses de la région, Hippolyte s’y défendit vaillamment avec une poignée de braves jusqu’à ce que la maison, enveloppée dans les rafales de la