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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Après cet exploit, qui augmentait encore la force d’une amitié que plus rien ne pouvait altérer, les deux camarades reprirent le rang et, sans jamais désespérer, ils supportèrent le mauvais sort dans une retraite qui ne désarmait pas cependant et continuait d’entamer l’ennemi. Celui-ci se souviendra de sa première bataille en plaine qui mit un terme à la légende de ses légions invincibles. Haelen, petit nom si modeste, soudain sonore, fameux dans l’histoire de ces journées du mois d’août ! Le monde entier l’a acclamé et le retiendra peut-être comme il fait les victoires de la jeune Grèce sur le torrent asiatique…

Au lendemain de la visite de ses parents, Hippolyte avait passé quelques jours à Linden, joli village plein d’ombre, traversé par un ruisseau bien courant qui faisait tourner une roue fourrée d’une grasse mousse verte, un vrai moulin d’album.

Les deux amis logeaient dans une vieille et confortable maison de campagne entourée d’un grand parc. Quelques camarades partageaient leur bonne fortune. Joseph avait fraternisé avec tous ces jeunes gens à son second voyage à Louvain. Il retrouva Ravel, le soldat brancardier, enfant de Frameries, solide garçon à la mine réjouie, toujours content et prêt à rendre service en dépit des niches qu’on lui faisait, des taquineries dont on accablait sa première « venette ». « Ravel, tu trembles ! Ravel, tu es encore vert ! »