tagne. Au bas de la pente, il était si étourdi et exténué que les amis hésitaient, délibérant s’ils n’abandonneraient pas leur prisonnier dans le fossé de la route quand une patrouille accourut à leur aide.
Amené devant l’état-major, le Prussien, un détenu de Dusseldorf, ne prit aucune attitude et s’empressa de raconter tout ce qu’on voulait savoir. Grâce à ses indications, une partie de la IIIe division qui allait être enveloppée par des forces considérables put être prévenue à temps et se replier en bon ordre sous la protection des forts.
Les deux amis furent cités à l’ordre du jour. Michel n’en croyait pas leur chance :
— En voilà une balade ! s’écria-t-il ; ah bien si je me doutais de ça il y a huit jours en reconduisant Fannette à Saint-Josse-ten-Noode !
— C’est lui qui nous a sauvés, expliquait Hippolyte aux camarades ébahis. Il tire comme un homme des prairies !
Mais l’autre protestait :
— Allons donc, c’est grâce à toi que j’existe encore… Tu bondis comme un tigre !
Le succès de cette petite expédition, cette aventure invraisemblable, ce salut miraculeux ajouta à leur bravoure. Leur prestige s’en accrut sans les faire moins modestes.