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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

nait brusquement pour décharger les cinq cartouches de son magasin, abattant deux des soldats et l’homme au revolver. À ce feu roulant, le soldat encore debout s’était arrêté stupéfait, un moment désorienté. C’était un homme de haute stature et de forte corpulence, dont le visage encadré de poils roux, encore barbouillé de sommeil, avait plutôt une expression d’hébétement que de brutalité.

Qu’allait-il faire ? Ses trois camarades gisaient immobiles, tués sur le coup. Il les regardait, stupide, ne pouvant comprendre ce massacre instantané. Il les appela, les secoua sans même songer à prendre garde d’un nouveau coup. Soudain, saisi d’une colère aussi vive qu’avait été sa surprise, il chercha le meurtrier tapi là-bas, derrière un ressaut du terrain, et qui rechargeait son arme. Mais comme il épaulait, un homme bondit sur son dos et le renversait sur le sol.

— À moi, Michel !

Ils eurent bientôt fait de lui entraver les poignets avec son ceinturon. L’homme, d’ailleurs, se débattait à peine et finit par les supplier de ne pas lui faire de mal. Il se rendait.

— Ah, canaille, s’écriait Michel, fou de rage, c’est comme ça que vous faites la guerre, vous autres ! Attends un peu, mon bonhomme…

Hippolyte bridait mieux sa langue et montrait plus de sang-froid :

— Quatre contre deux ! Ma foi, c’est encore assez honnête de la part des Prussiens qui ne