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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

ment et, dans l’effusion du repos, s’entretenir d’eux-mêmes, parler de leur famille dont ils se sentaient moins à l’écart en évoquant, sans défaillance de cœur ni lâcheté de regrets, leurs bons souvenirs du « quai » et de la rue des Chartreux.

L’épreuve du danger avait encore fortifié leur amitié en y mêlant une sorte de tendresse fraternelle. Ils veillaient l’un sur l’autre. C’est ainsi que dès le premier jour, Michel avait sauvé son ami…

C’était dans l’intervalle des forts de la Meuse. Une nuit, au début d’une nouvelle action, le commandant avait demandé deux « braves » de bonne volonté pour aller reconnaître un petit bois perché sur le faîte d’une colline, à plusieurs kilomètres du front. Ils s’étaient présentés tous deux autant par envie de changer de place que par bravoure. Car il n’y avait pas moins de douze heures qu’ils tenaient au fond des tranchées.

Les instructions reçues, ils se débarrassèrent de leur sac et, armés à la légère, ils partirent dans un demi-jour fantastique de lune et d’aube. Il était trois heures du matin ; des coqs commençaient à claironner l’aurore, et bientôt le soleil émergea de l’horizon, mêlant ses premiers feux aux rubans de blanches vapeurs qui flottaient