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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Nous allons descendre dans la vallée, dit Hippolyte ; nous camperons probablement ce soir dans les environs de Linden…

Et pour les laisser sur une bonne impression :

— C’est un joli village, paraît-il, sur la route d’Aerschot. Nous n’y serons pas mal…

Mais la façon dont ils allaient regagner Louvain le tourmentait beaucoup :

— Oh, pas à pied, n’est-ce pas ? Non, maman, tu es incapable de refaire cette longue route… Je ne veux pas !…

Cette pensée le désolait. Mais Joseph le rassura : ils allaient se rendre à cette grande métairie que l’on voyait à quelque distance. Ils boiraient un verre de lait et ce serait bien le diable si l’on ne découvrait pas un méchant cabriolet pour les ramener à la ville.

— Sois tranquille, on se débrouillera !

Et ce fut la séparation. Quand les soldats eurent défilé non loin d’eux à la débandade, Hippolyte s’arracha des bras maternels :

— Bon courage, ma petite maman ! On en sortira, on en sortira !

Il courut rejoindre l’arrière-garde et suivit la compagnie non sans se retourner à chaque instant pour lancer un dernier adieu à ses parents bien-aimés. Bientôt, on le vit s’engager dans le chemin creux qui dévalait derrière le talus. Encore un éclair de sa baïonnette et ce fut tout.

Les deux femmes pleuraient silencieusement.