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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Mon petit ! Mon pauvre petit !

C’est tout ce qu’elle put dire d’abord, tandis qu’elle le pressait sur sa poitrine d’une étreinte convulsive, en sanglotant. Et, lui aussi, il pleurait d’attendrissement et de bonheur sans vouloir décoller ses lèvres de la figure de la chère femme.

Et puis ce fut le tour d’Adolphine de le serrer sur son cœur.

— C’est toi, cher garçon ! Est-ce que c’est toi ? Ah, je ne sais pas le croire !

Mais Joseph venait de les rejoindre :

— Allons, je fais mes excuses à la Providence… Qu’en dites-vous ? Jamais le benjamin n’a mieux « profité ». Non, mais regardez-moi cette mine !

Le soldat, encore oppressé, se remettait doucement :

— C’est vrai, dit-il, que je n’ai pas trop à me plaindre…

Et comme on se récriait sur sa propreté, sa coquetterie presque :

— Oh, vous avez de la chance, je viens justement de me faire la barbe au moulin !

En le voyant, l’air si « bien frotté », si souriant et joyeux, Mme Platbrood sentait s’apaiser son inquiétude. Elle s’alarmait pourtant de le voir aussi pesamment chargé :

— Hein, fils, il me semble que ça doit être si lourd ce sac sur ton dos, et cette cartouchière, et encore ce fusil…