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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Oh, ça se comprend, reprit-il, il y avait tant de monde dans cette affreuse caserne… Non, Platbrood n’est pas ici pour le moment. Mais soyez sans inquiétude, il se porte bien. Vous le trouverez en grand’garde, à deux kilomètres d’ici environ, là-bas près du moulin…

Une vive contrariété se peignit sur le visage de Joseph :

— C’est que ma belle-mère et ma femme m’accompagnent et nous sommes bien fatigués…

— Qu’à cela ne tienne, répondit le lignard, reposez-vous à la ferme. Platbrood sera sans doute relevé dans une heure et rappliquera forcément par ici…

— Une heure ! fit Joseph avec un profond découragement.

Il réfléchit une seconde, puis brusquant l’entretien, il remercia l’aimable Ravel pour courir informer ces dames qui l’attendaient à quelque distance, affalées sur un tronc d’arbre.

— Ça, par exemple, s’exclamait-il, c’est une persistance de déveine qu’on ne s’explique pas. La fameuse Providence se moque de nous. Vraiment, ça donne envie d’être impoli avec elle, de… l’engueuler !

Navrées, Adolphine et sa mère, les mains dans le creux de leurs jupes, la figure décomposée, ruisselante, semblaient poser une halte de saintes femmes pour un chemin de croix.

— Allons, dit Joseph, vous ne pouvez continuer à gravir ce calvaire. Demeurez ici… Je