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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

En ligne droite, à travers champs, il pouvait y avoir dix minutes de marche pour atteindre l’endroit désigné. Mais avec Mme Platbrood, impossible de s’engager dans les glèbes retournées. Force leur fut d’emprunter la route qui faisait un immense circuit. De nouveau, ils marchaient sur le plateau sans ombre.

— Pauvre maman, s’apitoyait Adolphine, il fait si chaud, n’est-ce pas ? Comme tu dois être fatiguée !

— Encore un petit effort, stimulait Joseph ; cette fois, que diable ! c’est la dernière étape…

Et la bonne dame, qui devenait pesante à leurs bras, se laissait remorquer sans rien répondre, de peur de manquer de souffle. Comme ils approchaient, Joseph prit encore une fois les devants et tomba au milieu d’une dizaine de soldats en train de se débarbouiller ou d’astiquer leur fourniment dans la petite cour de la ferme. Mais Hippolyte ne se trouvait pas avec eux.

Un jeune homme bien découplé et de bonne mine, interrompit le méticuleux empaquetage de son sac et s’avançant vers Joseph :

— Je suis Ravel, dit-il, étudiant en médecine, présentement soldat brancardier. Platbrood est un ancien camarade de chambrée. Je vous reconnais. Vous êtes venu souvent le voir à l’école de la rue du Canal…

Et comme Joseph s’excusait de ne pas se rappeler sa physionomie :