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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

les champs. Un grand repos enveloppait la campagne assoupie, à peine troublé par les vagues rumeurs du jour, l’égosillement lointain d’un coq, le sourd aboi d’un molosse, le sifflet d’une locomotive, le tintement d’une cloche qui sonnait quatre heures. Dans cette tranquille splendeur d’un beau jour d’été, on eût sans doute oublié la guerre sans l’appel intermittent des clairons qui, affaibli, très doux, montait du fond de la plaine.

Adolphine émit cette pensée :

— Est-ce qu’on sait croire que tout est en déroute maintenant à cause de ces…

Mais elle n’achevait pas, de peur que le nom abhorré ne lui souillât la langue.

Soudain, elle poussa une exclamation :

— Des soldats !

En effet, c’était un bataillon de lignards qu’on apercevait là-bas, au faîte de l’ondulation du terrain, occupés à une tranchée. Alors ils se hâtèrent. Dans son impatience, Joseph abandonna le bras de sa belle-mère et courut en avant pour interroger un sous-officier qui, posté sur le talus, surveillait le travail de ses hommes.

— Platbrood, fit le sergent, après un instant de réflexion, non, connais pas. Il est probablement d’une autre compagnie…

Et, obligeant :

— Vous voyez là-bas cette petite ferme, et bien votre soldat se trouve probablement de ce côté avec l’avant-garde…