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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Cette fois, la pauvre femme ne fit aucune objection et, soutenue par ses enfants, elle chemina rouge, transpirante, héroïque dans l’ardente lumière. Néanmoins, elle trouvait encore la force de murmurer :

— Quel embarras je vous donne, n’est-ce pas ?

Ils protestaient tous deux :

— Non, non, chère, disait Adolphine, c’est beaucoup mieux comme ça qu’on se tient tous les trois, hein Joseph ?

— Du reste, encourageait celui-ci, nous serons bientôt arrivés ; un peu de ressort !

Et il dépeignait la joyeuse surprise d’Hippolyte en les voyant apparaître, ce qui augmentait les forces de la maman.

Fort heureusement, le sol se durcit, s’améliora tout à coup sur une rampe plantée de vieux arbres. Au sommet du versant, ils stoppèrent quelques minutes à l’ombre délicieuse que projetait un grand monastère.

En ce moment, un villageois qui passait leur apprit que des soldats bivouaquaient à quelque distance en arrière. Il n’en fallut pas davantage pour les remettre en haleine. La route pavée serpentait à présent sur un vaste plateau dont les cultures bigarrées sommeillaient sous le ciel flamboyant. Dans le lointain, un boqueteau soulignait l’horizon, laissant percer à travers son feuillage la façade chaudement colorée d’une vieille maison de plaisance. Aucun souffle ne circulait dans l’air surchauffé. Personne dans